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L’aventure GR-20

Pour cet article, j’ai demandé à Mattis qui a participé au début de l’aventure avec nous de me poser toutes les questions possibles sur notre aventure afin de vous proposer un format type interview. J’espère que cela vous plaira !

Pourquoi as-tu décidé de faire le GR20 en seulement 4 jours ?
C’est une très bonne question ! Pour le coup, je ne connaissais pas bien le terrain et Arthur, qui l’avait déjà fait en 7 jours, m’a dit que “ça allait” et m’a proposé de le faire en 4.
Je me suis dit que si ça allait en 7, ça serait dur en 4 mais faisable !
Avait-tu une expérience préalable de la randonnée ou des ultra-trails avant de tenter cette aventure ?

J’ai déjà fait 2 ultra-trails et quelques courtes distances, de plus, je fais de la randonnée chaque année avec des amis. Mais c’est quasiment toujours dans les Alpes où le terrain est très différent et beaucoup moins hostile qu’en Corse.

Préparation

Comment tu t’es préparé physiquement et mentalement pour cette épreuve ?
Je n’ai suivi aucune préparation spécifique, je ne vais pas mentir !
J’ai sûrement sous-estimé le challenge, même si je disais à tout le monde que ça allait être très dur.
Je pense que j’étais trop focalisé sur mes autres compétitions (Hyrox et triathlon), et vu que ce n’était pas une compétition à proprement parler, j’ai minimisé sa difficulté.
Quel type d’équipement avez-vous utilisé ?

J’ai fait un post spécial sur tout mon équipement que vous pouvez retrouver juste ici :   https://maximekrantz.com/la-course-du-gr20-lepreuve-ultime-de-trail-en-corse/

L’Expérience du GR20

Comment se sont déroulées les premières heures/journées de l’aventure ?

Déjà la veille du départ, nous avons passé une mauvaise nuit. Nous avions réservé dans le gîte municipal de Calenzana et c’était totalement insalubre !
Nuit courte et agitée donc, et nous nous sommes levés à 3h pour partir vers 3h45 sur le GR20.
Les débuts sont plutôt faciles, histoire de se mettre en jambes, mais ça se complique dès la deuxième étape qui devient un peu plus technique.
À la fin de celle-ci, Mattis nous annonce qu’il abandonne à cause d’une entorse à la cheville et Timo commence à accumuler beaucoup de retard qu’il ne pourra pas rattraper et il arrêtera à la troisième étape.
Au bout de quelques heures, nous nous retrouvons à trois et ça nous met un coup au moral !

Quelles ont été les sections les plus difficiles du parcours pour toi?

Il faut savoir que ce qui définit le GR20, ce sont les cailloux !
Il y en a partout, en montée et en descente et ça rend le terrain extrêmement compliqué.
C’est vraiment la spécificité de ce chemin et c’est ce qui lui donne son trait de trail le plus difficile d’Europe !
J’ai eu beaucoup de mal dans les descentes de la première journée, je suis tombé à de nombreuses reprises et je me suis blessé un peu partout, avec quelques belles contusions.
Ensuite, la partie réellement la plus dure fut la dernière journée car nous n’avons pas dormi pendant plus de 30 heures et nous n’avions plus de nourriture pour les 7 dernières heures.
On a dû puiser très loin dans nos capacités mentales pour survivre et passer cette épreuve, je ne le souhaite à personne car à titre personnel, j’ai détesté chaque instant de ce moment-là.

As-tu eu des moments de doute ou de découragement ?

Oui ! Beaucoup !
Le premier fut à la fin du premier jour, je me suis réveillé à de nombreuses reprises dans la nuit avec des douleurs dans tout mon corps suite aux différentes chutes et à la fatigue.
J’ai songé m’arrêter là mais au réveil, je me suis juste dit “continue et tu verras au prochain refuge”.
Le deuxième gros doute fut à la fin de la troisième journée, nous étions en retard sur notre objectif et on savait qu’il fallait faire une énorme dernière journée pour y arriver.
Avant d’arriver au refuge pour cette dernière nuit, ma hanche droite commençait à me faire énormément souffrir.
J’avais eu un kyste et un arrachement osseux à cet endroit il y a quelques années et j’avais peur de recréer une blessure grave. J’ai failli abandonner et j’ai dit aux gars de continuer sans moi si nécessaire.
Ils m’ont dit hors de question, on se repose quatre heures et on voit ton état.
Au réveil à minuit et demi, j’ai pris quelques antidouleurs et j’ai continué !

As-tu souffert d’autres douleurs ou blessures pendant le parcours ?

À de nombreuses reprises, ce qui est fou, c’est que tu as l’impression qu’il y a toujours un problème !
Un coup c’est le genou, puis le tendon d’Achille, puis la hanche, puis à nouveau le genou, etc. !
Tu as l’impression qu’il y a toujours une douleur quelque part et tu essayes de passer au-delà de ça et de tricher avec ton cerveau pour minimiser la douleur et penser à autre chose.

Comment avez-vous géré la fatigue et le manque de sommeil ?

Lors de la dernière journée, lorsque nous ne voulions plus nous arrêter pour passer une nuit supplémentaire en refuge et réaliser notre défi de 4 jours, nous faisions des micro-siestes de 10 minutes sur le bord du sentier.
On s’allongeait par terre, à même le sol, la pierre ou peu importe ce qu’il y avait, on posait notre tête sur le sac et on mettait un minuteur.
Lorsqu’il sonnait, on se levait et on repartait !
C’était assez fou et je pense que de l’extérieur, ça faisait très soldat dans l’attitude et la détermination.

Travail en Équipe

Comment s’est passée la dynamique de groupe avec les autres participants ?

S’il n’y avait pas eu le groupe, personne ne serait allé au bout.
Lorsque nous n’étions plus que trois, nous avons tous eu nos moments difficiles et les autres étaient toujours là pour continuer à faire avancer la machine. C’était très fort et c’est là que se dévoilent les vrais visages.
Je suis heureux d’avoir partagé cette aventure jusqu’au bout avec deux personnes extraordinaires !

Comment avez-vous géré le fait que deux de vos compagnons ont dû abandonner ?

En réalité dès le départ, nous savions que ça allait être plus difficile pour eux car ils avaient moins d’expérience.
Personnellement, j’ai déjà fait de l’ultra et pas mal de randonnées, Arthur et Félix ont déjà fait le GR20 en 7 jours, mais Mattis et Timo sont partis dans l’aventure en étant totalement novices dans le domaine.
Avant d’y aller, je me disais que ça allait être dur pour eux, mais une fois sur place et après coup, je me rends compte que c’était de la pure folie et que c’était totalement impossible pour eux d’aller au bout dans ces conditions.

Quel impact cela a-t-il eu sur votre moral et votre motivation ?

On était un peu tristes mais on restait motivés à terminer.
Dans ma tête, je me servais de cela comme une source de motivation pour continuer à avancer.
Je me disais que si j’avais dû abandonner, j’aurais dû le faire le premier jour, que maintenant c’était trop tard et qu’il fallait absolument terminer.

Bilan

Quels ont été tes sentiments en atteignant la fin du parcours ?

Bizarrement, je pensais qu’il allait y avoir beaucoup d’émotions et en réalité, avec la fatigue et les douleurs, ça a juste été un immense soulagement d’arriver au bout et que tout cela s’arrête enfin !

Si tu devait refaire le GR20, irait-tu ?

Non ! Vraiment, c’était une douleur difficilement soutenable et je pense qu’on a réussi à aller au bout grâce à deux choses : le groupe, qui a permis de ne jamais se lâcher, et personnellement mon ego, qui me poussait à aller chercher au plus profond de moi pour continuer alors qu’en soi, si je l’avais fini en un jour de plus, tout le monde s’en fiche !

Quels conseils donnerait-tu à quelqu’un qui envisage de faire le GR20, surtout en un temps très court ?

De le faire une première fois en un temps un peu plus long pour se rendre compte de la difficulté et surtout pour le planifier au mieux en prévision de le faire plus court.
En effet, il faut optimiser le découpage du parcours pour y arriver, ce que nous n’avions pas du tout fait ! On a dormi en tente et non en refuge ou hôtel, on a mal géré notre alimentation et notre découpage n’était pas du tout optimal, ce qui a rendu l’aventure encore plus spartiate !

Comment cette aventure a-t-elle influencé ta perspective sur les défis futurs ?

Je pense que dorénavant, je réfléchirai à deux fois avant de me lancer tête baissée dans un tel défi, et surtout j’essayerai de me préparer plus spécifiquement, même si en réalité je sais que j’aime ce genre de choses et également de devoir improviser sur le moment pour me sortir de situations compliquées !

Si vous avez des questions,  n’hésitez pas à m’écrire ou à jeter un oeil aux différentes offres de coaching à distance !

Maxime Krantz 🙂

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